le MUDAM de Luxembourg
Le MUDAM, le musée d'art moderne du Grand Duché de Luxembourg est l'oeuvre de Ieoh Ming Pei, le grand architecte sino-américain
auteur de la controversée "grande pyramide du Louvre". On se souvient des débats engendrés par le parti choisi lors de sa construction. J'entends encore, bien que peu à peu les avis aient évolués à son sujet, certains de mes amis qui
trouvent cette pyramide de verre incongrue, voire laide, et j'ai du mal à faire comprendre les raisons fonctionnelles de ce choix audacieux. La beauté étant "ce qui est agréable à
l'oeuil", selon Littré, force est d'admettre que cette perception reste partagée. J'aime bien à ce sujet le mot de Sylvain Tesson: "La solitude, c'est perdre à n'être pas là, quand la
beauté se manifeste". Je vous invite à donner votre avis sur le MUDAM en considérant le contexte particulier de cette construction.
Imaginez une ville fortifiée percée de deux profonds canyons et, sur un plateau lui faisant face, les ruines du fort
Thüngen avec ses fortifications du XVIIème siècle. C'est cet endroit précis qu'a été choisi comme lieu d'érection du MUDAM. Choisir un style qui s'intègrât demandait quelque
virtuosité. Je trouve, pour ma part, que la structure de pierre blonde de Magny, l'usage de grandes verrières, la courbure insolite et
l'équilibre des masses confèrent à cet ensemble une beauté qui transcende le simple rôle de lieu d'exposition.
Construit entre 1999 et 2006, le musée est, comme le musée Guggenheim de Bilbao (que j'ai présenté dans une rubrique précédente), une oeuvre artistique en soi. Malheureusement les oeuvres qu'il abrite ne sont pas toutes à la hauteur du bâtiment. Gagner un concours pour l'édification d'un musée ouvre à son auteur la postérité. Pas forcément aux artistes exposés.
J'ai oublié le nom des deux artistes dont je vous joins photos des travaux. Sans doute, comme moi, noterez-vous la beauté émanant de l'endroit
et la relative fadeur des "oeuvres" exposées: ici, un escalier d'une pureté de ligne absolue (l'oeuvre de l'artiste est le rectangle allongé où défilent sur un écran plasma des
phrases sans queue ni tête).
Là,l'intensité de la lumière diffusée dans les enchevêtrements d'une installation de bois par la grande baie vitrée, la solitude, l'absence de visiteurs et le jeu des ombres participent à l'atmosphère, à la création d'un monde onirique et figé d'où l'humain semble exclu. Dans une immense salle voisine, une vidéo tournant en boucle montre le travail de l'auteur, un Ukrainien emmitouflé taillant à l'herminette pendant des années des poteaux environné par le brouillard givré...