MUCEM, Marseille

Riccioti! Certains voudraient le pendre... Je lui dis bravo!

Rudy Riccioti est né de l'autre côté de la Méditerranée. Comme moi, il est latin, inspiré, catholique, il a sa vision et son langage. Il déconcerte quand ses élans lyriques deviennent incompréhensibles; il énerve quand il célèbre son art avec des formules qui font croire que c'est lui qu'il glorifie. Sans doute que Michel Ange aussi se prenait pour un génie. Einstein l'avouait sans fausse honte! Riccioti croit en lui et il a raison. Bien sûr, on pourra objecter que le MUCEM est un bloc parallélépipèdique(un qualificatif à la Riccioti!) sans aucune originalité et on dira que son esthétique vient exclusivement de cette résille en béton qui est une première mondiale et le résultat d'une techique de fabrication dans laquelle Riccioti n'a sans doute aucun mérite. La trouvaille architecturale, c'est la rampe de cheminement que l'on devine derrière la résille depuis l'extérieur et d'où l'on aperçoit le paysage grandiose de la mer, de la colline du Pharo et de la ville. Cette promenade à l'abri de la résille, comme derrière un moucharabiéh, est un pont symbolique entre les deux mondes intérieur et extérieur, le passé et le présent, les cultures des quatre côtés de la Méditérranée. A l'intérieur, on se disperse un peu, mais les volumes sont vastes et bien éclairés. Sur la terrasse splendide où on peut boire, on aimerait pouvoir aussi manger un petit truc sans faire deux heures de queue pour un buffet Passédat qui ne casse pas des briques. Depuis ce belvédère on emprunte une des passerelles qui relie le MUCEM au Fort St Jean et cette traversée dans les airs est le clou du spectacle.